La rubrique Entre deux romans, reprend du service dans Les petits papiers de Mademoiselle. Après Annie Degroote, Patrick J. Lambert, Emilie de Turckheim, Marie Charrel et Caroline Vermalle, Sophie Adriansen a accepté de se plier au jeu des questions-réponses. A 28 ans, Sophie est une passionnée de livres, auteur du blog Sophielit, elle participe à plusieurs jurys littéraires et a publié dernièrement Je vous emmène au bout de la ligne aux éditions Max Milo. En attendant son prochain livre, un roman cette fois, elle revient sur cette période un peu hors du temps entre deux romans.
Comment te sens-tu quelques heures avant de remettre un manuscrit ?
Je suis pétrie de sentiments contradictoires ! Lorsque je considère que mon texte est prêt, c’est que je suis satisfaite. Donc, après la toute dernière relecture, je suis confiante, je jubile même. De là à penser qu’il s’agira du prochain Goncourt… Et pourtant, un ami écrivain me faisait récemment remarquer à juste titre qu’il est prétentieux de penser que ce que l’on écrit peut intéresser quelqu’un d’autre que soit. A quoi bon ? Pour quoi faire ? Cela fait aussi partie des interrogations qui me traversent dans ces instants-là…
Et quelques heures après ?
En général, dès que j’ai remis le manuscrit, je doute : suis-je allée au bout de ce que je voulais dire ? Comment mon texte va-t-il être accueilli ? N’aurais-je pas du le retravailler encore ?
La période qui suit la remise d’un manuscrit - l’attente - est très inconfortable psychologiquement, et elle l’est d’autant plus qu’elle n’a pas de terme. Car la réponse, négative comme positive, peut arriver au bout de quelques jours seulement, ou après de nombreux mois… J’essaie donc d’avoir des choses à faire pour m’occuper l’esprit ; sinon, c’est une véritable torture (pour moi et, du coup, pour mon entourage à qui je fais subir cette situation !).
Avant même d’avoir terminé un roman sais-tu déjà sur quoi tu écriras ensuite ?
Pas nécessairement. Je suis en ce moment en train d’achever un texte, et je sais précisément quel sera mon prochain projet d’écriture ; je ne cesse d’y penser, je suis impatiente, aussi je note dans un carnet tout ce qui me passe par la tête à son sujet, afin de ne pas avoir l’esprit « pollué », mais je m’interdis de démarrer la rédaction. Chaque chose en son temps.
L’inspiration est une chose étrange. Après l’écriture d’un roman, il m’est ainsi arrivé de me sentir sèche, non pas comme si je n’avais plus rien à dire mais comme si j’avais tout dit- ce qui n’est évidement et heureusement jamais le cas. Et puis, un jour, sans que je sache d’où ça vient, l’idée est là, qui s’impose, et c’est reparti…
Qu’apprécies-tu dans ces périodes entre deux romans ?
D’une certaine manière, les périodes de non-écriture sont reposantes. Je glane des bonnes formules, je consigne des bouts de dialogues, sans penser à les hiérarchiser ni à en faire une histoire… Il y a aussi le sentiment du travail accompli, le sentiment d’avoir achevé quelque chose. Mettre le point final à un texte, c’est comme un aboutissement. Mais finalement, cette sensation de plénitude ne dure jamais bien longtemps…
N’est-ce pas compliqué de gérer la promotion de « Je vous emmène au bout de la ligne », ton travail, et tes projets d’écriture ?
Cela se passe bien car c’est un plaisir, et quand on aime, on ne compte pas… ses heures ! Et puis, c’est Rodolphe, que j’ai fait parler pour ce témoignage, qui est surtout sollicité pour la promotion. Pour cet ouvrage, je suis plutôt dans l’ombre. Je prends toutefois conscience de la nécessité qu’il y a d’accompagner un livre, de le porter, de le défendre et de rencontrer ses lecteurs ! Et c’est un bonheur…
A quand un nouveau livre de Sophie Adriansen en librairie ?
Mon premier roman paraîtra au troisième trimestre 2011. Il s’intitulera A sa place. Je vais démarrer prochainement le travail éditorial avec l’éditrice, Laura Mare. Cela va être une expérience nouvelle, d’une part parce que l’on ne fonctionne pas de la même façon pour un roman que pour un témoignage, et puis parce que chaque maison d’édition a ses propres règles, son propre rythme. Finalement, cela s’annonce comme une deuxième première fois !
Peux-tu nous en dire quelques mots ?
Il s’agit des destins croisés de deux jeunes femmes que tout oppose, sur une période très courte - quelques jours seulement. L’intrusion de l’une dans la vie de l’autre par le biais d’un téléphone portable oublié va provoquer certains bouleversements dans l’existence de chacune. Pour la suite, il faudra patienter encore quelques mois !
Photo : Sophie Adriansen