Après Dans l’attente d’une réponse favorable, Douze cordes et CapharnaHome, publiés aux éditions aNTIDATA, Gilles Marchand revient avec un polar, Green Spirit, édité chez Zinc Éditions. Hyperactif passionné et sympathique, bordelais d’origine, parisien d’adoption, Gilles Marchand multiplie les projets en tous genres. Rencontre avec un auteur à l’imagination débridée voire carrément déjantée...
Pouvez-vous nous parler de votre parcours d'auteur ?
Tout s'est fait à la suite de rencontres. Je dois beaucoup à quelques personnes. Jean-Claude Lalumière, avec qui je suis ami, collaborait régulièrement avec les éditions aNTIDATA. Il savait que j'écrivais et m'a un jour proposé de leur envoyer une nouvelle. La nouvelle en question a plu à l’éditeur, Olivier Salaün, qui l’a publiée dans CapharnaHome. La rencontre avec Frédéric Moret, l'éditeur de Zinc Éditions s’est produite par le biais d’aNTIDATA. Les deux maisons ont l'habitude de travailler ensemble. Frédéric avait lu ma première nouvelle et m'avait demandé de réfléchir à un polar épistolaire. C'est comme ça qu'est née l'idée des Évadés du musée, illustré par Eloïse Oddos, paru l'année dernière, et qui s'adresse aux enfants.
Comment êtes-vous venu à l’écriture ?
A bordeaux, j'avais un groupe de musique. Les premiers mots que j'ai écrits "sérieusement" étaient donc des chansons. J’en ai écrit une, puis deux, puis trois et j’ai attrapé le virus. J'écris relativement vite ce qui me permet d’être sur plusieurs projets à la fois. Avec le temps, j'apprends à me discipliner, à revenir sur ce que j'ai fait, à peaufiner, retravailler et aussi, le cas échéant, à jeter... Mes histoires ne s’inscrivent pas dans la réalité telle qu'elle apparaît à chacun. Le quotidien ne m'intéresse que dans la mesure où on peut le fuir de tous côtés. J’aime les ruptures, ces moments où tout bascule. Parler de choses grave avec légèreté et des choses légères avec une gravité affectée, voilà ce qui me plaît.
Votre dernier livre, Green Spirit vient de sortir, chez Zinc Éditions. La correspondance d’une mère à son enfant sur le quotidien, les plantes et les voisins contre lesquels il faut lutter. Comment est née l’idée d'une telle histoire ?
Cette histoire faisait à l'origine partie d'un roman que j'ai écrit. Frédéric Moret, après avoir publié Les Évades du musée, m'avait demandé de lui envoyer d'autres textes. Il voulait développer une collection de polars postaux pour adultes. Je me suis donc mis au travail et lui ai envoyé mon texte accompagné de quelques nouvelles inédites dont Green Spirit. Il a finalement choisi Green Spirit et le texte écrit pour l'occasion est passé au second plan.
Pour en revenir à l'histoire, comme je vous le disais, je ne suis pas très fort pour rester dans un registre "normal". Il m'était donc impossible de parler de plantes vertes sans que celles-ci soient victimes de leur gentille propriétaire.
Pour que les lecteurs comprennent bien, qu’est-ce qu’un polar postal ?
Les polars postaux sont des cartes postales avec une illustration au recto et l’histoire au verso. Le but est d’envoyer les cartes, jour après jour, pour faire découvrir une histoire. En tant qu’auteur, il faut s’adapter, s'adresser au destinataire, lui parler comme si on le connaissait. Au delà de l'écriture, il y a l'opportunité de travailler avec un illustrateur. Je trouve que Aliona Ojog a fait un travail fabuleux sur Green Spirit. Elle a bien compris l'esprit et y a apporté sa touche de folie.
Après le très réussi Dans l’attente d’une réponse favorable,sur les lettres de motivation, vous revenez donc avec un polar postal, qu’est-ce qui vous attire tant dans le style épistolaire ?
Merci pour le "très réussi" ! Avec des lettres, on ne se contente plus de créer des personnages, de les décrire, de les faire vivre... On doit devenir ces personnages le temps d'une correspondance. Il faut parler à la première personne, adopter leur style, leur manière de penser... Par exemple, l'auteur des lettres dans Green Spirit est une femme qui perd les pédales. Le style devait, par conséquent, être cohérent avec sa façon de voir les choses. Dans ce type d'exercice, il ne faut pas chercher la perfection littéraire mais au contraire accepter les imperfections liées au personnage.
Êtes-vous sur un nouveau projet ? Et si oui pouvez-vous nous en dire plus ?
Je viens de terminer une nouvelle, pour le prochain recueil collectif d'aNTIDATA, sur le thème de la nuit. Cette nouvelle raconte un petit peu l'histoire de la famille de Green Spirit, une dizaine d'années plus tôt. On y retrouve le personnage de la mère... A peine plus sage.
Sinon, je viens de finir un roman pour lequel j'ai beaucoup réfléchi à la forme. Je ne sais sera édité un jour mais il compte une quarantaine de personnages et fait le pari de perdre le lecteur, de le noyer dans la foule pour mieux le rattraper ensuite. J'aime bien l'idée qu'un lecteur accepte un texte et fasse confiance à l'auteur pour voir où celui-ci va l'amener.
Dans le cadre d'une soirée Zinc Editions, Gilles Marchand sera le 23 juin, de 19 heures à 22 heures, à la librairie Longtemps à Paris. Plusieurs auteurs de la colection polars postaux seront présents.
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